François Gaudin : le regard de l'historien

L'étude historique :    

 "Henri Fabre : à la Belle époque de l’anarchie"

Il est important de remercier François Gaudin pour sa contribution au livre par une brillante étude « Henri Fabre : à la Belle époque de l’anarchie » qui déborde la biographie linéaire et tend à une vision d’ensemble, réussie, de l’anarchisme en France à travers le parcours d'un homme de presse. Je le remercie aussi des précieux conseils qu'il m'a donnés au cours de l'élaboration du livre.

     L’œil de l’historien fait songer à celui d’un caméraman qui, suivant la trajectoire d’une silhouette, exécute des balayages latéraux avec des zooms sur ceux qui constituèrent l’entourage nécessaire au cheminement du personnage principal.

     Étude dense qu’il convient de lire au ralenti pour passer d’un plan à l’autre et les réunir afin d'obtenir une vision d’ensemble, à partir de faits, sans littérature, ni parti pris.

     Des détails précisent les activités militantes de chacun, les lieux de vie, les fréquentations ; à partir desquels nous apprenons dans les grandes lignes, comment vivaient ces anarchistes et où, quels étaient leurs liens, leur engagement.

     Quand je m’adressai à François Gaudin, pour lui demander s'il pourrait évoquer la vie de Henri Fabre (une personne par le biais d'une recherche via internet me donnait son nom), j’ignorai l’intérêt que François Gaudin portait à un certain Maurice Lachâtre. Or ce Maurice Lachâtre (je l’apprenais par l'étude) avait été l’initiateur du jeune Henri Fabre au métier d’éditeur, son "patron" et son formateur.

   Cet homme, éditeur de Marx, de dictionnaires et d’auteurs spirites, auteur lui-même, lui transmis donc un savoir-faire attaché à ses convictions. Pour saisir celles-ci, il est donc opportun de remonter aux sources à travers ces trois livres :

►François Gaudin (éd.), 2012, Philosophie nouvelle, le spiritisme de Maurice Lachâtre, suivi de Le Divinitisme, religion universelle appuyée sur le spiritisme d’Henri Leboucher, Publications de l’Université de Rouen et du Havre, 114 p.

►François Gaudin et Jean-Yves Mollier (éds.), 2008, Cinq centimes par jour. Pratiques commerciales d’un éditeur engagé, Publications des Universités de Rouen et du Havre, 84 p.

►François Gaudin (dir), 2006 , Le monde perdu de Maurice Lachâtre (1814-1900), éd. Honoré Champion, 286 p.

     Pour ma part, sensible à la parole directe, quand elle est possible, je recopie ici une lettre de Henri Fabre à ma mère, Francine Rimlinger, datée du 9 novembre 1963…

« Ma chérie,

Tout va bien ainsi. Chacun a ses crises. Des ennuis venant de Paris – que tu connais – agissent aussi sur mes nerfs.

Je serais navré qu’entre toi et moi surgisse un malentendu. Nous nous complétons, sur ce point : le désir de réaliser quelque chose de sérieux, dont nos enfants profiteront. Comme les choses ne se font pas toutes seules, cela demande beaucoup de courage et de compréhension, de part et d’autre.

Ta lettre m’apporte quelque réconfort. De mon côté, j’ai déjà écrit à Havas, à propos du Crédit Agricole et la diminution de l’intérêt qui nous est porté sur le plan national. Enregistrons les promesses.

Tu me parles de ta santé¹, elle m’inquiète, souvent, autant que la mienne, mais il faut tenir. C’est ce que je fais de mon côté.

Je garde bon espoir, nous réussirons.

Je t’embrasse tendrement.

Henri »

¹ la tuberculose, qui devait s'aggraver.